Psychosocionomie et neurosciences appliquée à une nouvelle pédagogie pour les enfants de 3 à 7 ans

Jean Pierre MUYARD

24 juin, 2019

Les avancées des neurosciences et des sciences cognitives permettent aujourd’hui de mieux connaître le fonctionnement du cerveau… de nos « trois cerveaux » (Mc Lean –H.Laborit) et d’adapter les méthodes d’enseignement à chaque étape de maturation du système nerveux et de développement de l’appareil psychique.

Ces données confirment en les précisant quelquefois en les validant la plupart des données psychodynamiques élaborées par Jannet, Freud, Piaget,Winicott, Dolto…

La fonctionnalité du « néo-cortex » (spécifique à l’espèce humaine) permettant conceptualisation et abstraction n’est opérationnel que vers 6-7 ans. Pour que cette fonctionnalité soit optimum il est nécessaire que les « deux autres cerveaux » (Le cerveau pulsionnel et le cerveau émotionnel) aient été activés et stimulés.

Pour ce faire entre 3 et 5 ans les apprentissages doivent être orientés sur la stimulation perceptive des 5 organes des sens. L’enfant apprend ainsi à sentir son corps, à l’habiter et ainsi à être sécurisé par la prise de conscience de posséder un « réceptacle » ouvert par ces 5 « portes » sur le monde lui permettant de découvrir les autres et la Nature.


Ainsi les classes des élèves de 3-5ans devront être le lieu d’activités organisées autour de la perception auditive (bruits de la nature, sons fabriqués, musiques, rythmes…) perception visuelle (couleurs dans la nature, peintures, émaux, coloriages…) perception des formes (géométrie de la nature : fleurs, arbres, pierres, animaux poissons, crustacés, architectures… perception tactile (eau, massage, relaxation …) perception des odeurs et des saveurs (exercice de cuisine et de pâtisseries…) perception du schéma corporel : exercices psychocorporels, danse, arts martiaux…) La maturation psychique implique que l’enfant intègre dans un premier temps son schéma corporel qui lui donnera une sécurité intérieure ce qu’on appelle « la confiance en soi », indispensable pour aborder les relations avec les autres et plus tard l’inconnu des apprentissages intellectuels.

Dans un 2° temps, il est nécessaire de mettre en « mouvement » éducatif le cerveau émotionnel (le système limbique) qui sera le régulateur des relations interindividuelles.

Pour ce faire, des ateliers de créativité collective, pièces de théâtre, mises en scènes de fables, de contes, de comédies musicales, des sports d’équipes, des jeux variés sont les moyens qui permettent aux enfants d’expérimenter leurs réactions émotionnelles (peur, colère, soucis, tristesse et joie) et d’accueillir les réactions de autres. Dans ces activités les enseignants et éducateurs sont là pour permettre à chacun d’assumer la responsabilité de ses actes et de réguler les inter-réactions des enfants entre eux.

Cette stratégie éducative crée une ambiance scolaire qui permet à l’enfant de se connaître à travers son corps, ses organes des sens, ses émotions dans un contexte où le « Maître » n’est pas dépositaire exclusif du Savoir puisque il apprend aux enfants à apprendre par eux-mêmes…à l’image de Socrate. L’enfant est amené à découvrir ses réelles compétences, son potentiel de créativité, mais aussi ses carences, ses faiblesses et ses vulnérabilités émotionnelles.

C’est ainsi que le fonctionnement circulaire « naturel » du cerveau est mis en activation au lieu d’être vectorisé de manière linéaire sur la « Voix du Maître »

Cette sécurité psychocorporelle acquise par la mise en route maîtrisée du Cerveau de pulsions et de Cerveau des émotions permettront à enfant ayant atteint l’âge de 6-7ans d’entrer facilement dans les espaces inconnus et complexes de la lecture, de l’écriture, des mathématiques et des acquisitions abstraites qui mobilisent le Néocortex.

Les pionniers de la pédagogie moderne comme Pestalozzi Maria. Montessori, Célestin Freinet, R. Steiner, J. Decroly, F. Oury ont expérimenté sans le savoir et chacun à sa manière des méthodes qui, préparaient le Cerveau de l’enfant à intégrer les combinatoires nécessaires à la maîtrise des apprentissages mais surtout leur permettait de développer leur potentiel d’Humanité en intégrant les trois dimensions de l’Etre : Corps –Ame- Esprit.

Ainsi l’enfant n’est pas à l’école seulement pour apprendre des connaissances mais aussi pour apprendre à vivre en être humain avec les autres et à découvrir progressivement son « moteur » de vie qui est son Désir inconscient.

Jean Pierre Muyard
Psychiatre, Neurobiologiste








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